mercredi 23 septembre 2015

L'explorer way

 
Voilà c'est parti pour une traversée de l'Australie du nord au sud , de Darwin à Adélaïde
 soit près de 5000km
Nous empruntons l'explorer way qui relie Darwin à Adélaide et dont l'exploration s'est effectuée seulement à la fin du XIX siècle. Le trajet fait parti du voyage...
 
Pendant que certains vivent une part de leur rêve, d'autres affrontent des moments douloureux. Une pensée particulière à Marcel dont la peine m'est parvenue au-delà des océans. A Pascal et Dominique, à Christophe et Brigitte... En cette date anniversaire de Pascal Conversy , à sa famille, auxquels on pense très fort … A nos amis et à notre famille ... le voyage c'est aussi la non-présence.
 
 
Les devils marbles , des concrétions géologiques de granit rouge polies par les siècles et dont l'érosion périphérique les positionne en équilibre instable.







Visite d'Alice Spring  et de son vivarium qui nous permets d'appréhender la richesse des reptiles d'Australie...
 
Cratère de météorites, il y a 2 millions d'années...
Clin d'œil à Francis
 
Camping sauvage...
Devant la froideur des nuits, les duvets d'été ont paru sous-dimensionnés; nous ramenons une couette en laine de mouton australien…
 
 



Il existait quelques 500 dialectes aborigènes différents dans toute l'Australie;  la transmission du patrimoine culturel et de la connaissance de la terre ( le temps des rêves : dreamtime) se fait essentiellement par voie orale; cette transmission est la charge des anciens vers les jeunes avec des rites initiatiques notamment pour la passage de l'adolescence à l'âge adulte démontrant ainsi la mise en place d'une structure complexe de transmission du savoir. Par exemple, ils ont élaboré un système complexe et très strict pour contrôler les unions entre les hommes et les femmes notamment au sein d'un même clan de manière à limiter  les potentialités tératogènes  de consanguinité; à l'étude scientifique, ce système leur garantit une protection sur  4 générations. Au quotidien, la stricte application du code interdit  certaine personne à être en communication avec d'autres.
L'ensemble de leur savoir existentiel au sens pragmatique du terme est contenu dans leurs histoires transmises oralement, leurs dessins rupestres, leurs chants qui sont des cartographies de leur connaissance de la terre à laquelle il appartiennent ; pour eux tous les éléments, sol, eau, plantes, animaux hommes sont interdépendants et liés entre eux. On ne prélève que ce que l'on a besoin pour ne pas appauvrir l'écosystème.
L'utilisation du feu est très important : il permet au sol et aux plantes de se régénérer, il nettoie les sous-bois et évite la survenue de  feux de grand ampleur. Ces feux "préventifs" font l'objet d'une planification et d'une parcellisation par état
 
Ce qui extraordinaire, c'est que cette forme de culture est toujours pratiquée de nos jours et respectée. Elle se lit à plusieurs niveaux, spirituel, connaissance, osmose avec son environnement, culturel, relations sociales. En ce sens Ayers rocks ou ULURU pour les aborigènes AGANUN est l'exemple le plus connu des sites sacrés…il traduit dans sa spiritualité,  une osmose et un respect de l'homme vis à vis de son environnement.
On peux seulement regretter la réelle difficulté à rentrer en communication avec les différentes tribus aborigènes en dehors des parcs ou des tours opérateurs... mince reflet leur niveau d'intégration dans la société australienne.
 
Découverte d'ULURU
 






 

 




 
Découverte des monts OLGA





Une compagnie inattendue





Randonnée à Kings canyon
Route vers Kings Canyon et arrêt à Canyon creek . Les plaines de sables rouges ornés de spinifex, de pins du désert ont laissé place à un paysage vallonné où la perspective de la route rectiligne se perd dans un serpentin collinaire. Au nord sur notre flanc gauche,  une barre montagneuse s'étend d'est en ouest et longe l'unique route goudronnée du secteur dont les accotements friables rendent plus crucial la prise de bonnes trajectoires. Je termine le livre "carpentaria" d'alexis Wright , une aborigène dont l'écriture me plonge complétement dans les territoires du nord et du centre .
Randonnée de 7 km dans "kings canyon", une faille géologique a créé un canyon dans lequel, grâce à l'eau qui s'y écoule,  bouillonne d'une vie végétale et animale hors du temps, un eden en plein désert; un palmier vieux de l'époque des dinosaures donne un semblant d'oasis ; la pierre nervurée apporte le témoignage  de  la présence d'un ancien océan; sur le sommet,  l'érosion crée des dômes de couleur rouge et ocre où l'on aperçoit aisément les strates de sédimentations successives. La vue est splendide sur les falaises d'ocres rouges tailladées de traces verticales noirs ou vertes respectivement eau de ruissellement ou encanaillement végétal.
Puis petite balade à katthleen spring, une gorge où le bétail était rassemblé au début du XX ème siècle afin de profiter de la permanence d'une source en son extrémité. Curieux d'y  déceler en nombre fougères et roseaux. Nuit en camping libre sous une dune de sable rouge ; le feu de camp éclaire notre repas. Seul, j'entame ma propre cérémonie pour la mère de marcel; le temps est à la tristesse et la mélancolie.









On mange sur le pouce...



Le soir douche improvisée ...


Passage du nord australien au sud australien

 
L'émeu

 
Vision panoramique depuis une mesa qui surplombe le désert offrant un panorama à 180° ; les couleurs de la terre sont magnifiées par la luminosité du soleil  et s'étalent dans des palettes d'ocre-brun . Ce no man's land abrite une faune et une flore spécifique qui ont su s'adapter aux conditions de sécheresse et de différence de température entre le jour et la nuit. Pour l'instant, seules les mouches virevoltant en grand nombre autour de nos corps et nos visages nous rappellent la beauté sauvage des lieux.





Coober Pedy est une ville minière sortie littéralement de terre il y a 100 ans, en 1915, date à laquelle les frères Hutchintson, prospectant de l'or, y ont découvert la première opale.  Les mineurs eux aussi se sont adaptés à leur environnement soumis à des conditions climatiques extrêmes. Les habitations et les monuments publics sont construits dans la roche formant des habitats troglodytes. 
L'opale est une pierre précieuse provenant de la silice qui soumise aux compressions de la sédimentation et aux fortes températures forme un gel qui s'immisce dans les interstices formant des poches d'opales, après refroidissement dans un substrat sédimentaire de pierre de sable. Il existe toute une palette de couleur pour les opales.
 Système de boite aux lettres en poste restante... au sein d'un supermarché en centre ville
 







Redescends Mimi !!!


 

Habitat souterrain



Vue générale

Nous visitons l'église anglicane troglodyte et tombons sur un prêtre qui nous explique que son fils a fait ses études politiques à lyon II ; le monde est petit…

Remariage ?


 
 Cinéma en plein air...
 






 
Nous décidons de bifurquer quittant la " highway stuart " pour nous enfoncer un peu plus dans le désert et nous permettre de rejoindre les flinders ranges en effectuant seulement 450 km à la place de 793 km. La route n'est pas goudronnée et la vigilance doit être de mise dans la conduite en évitant les nid de poules, les pierres acérées et les passages de gué.
La route ouvre sur un paysage totalement désertique pendant la saison sèche; elle fait partie du grand bassin artésien australien qui s'étend sur une superficie de la taille de l'Europe. Elle présente le point le plus bas de toute l'Australie au Lac EYRE, étendue de sel désertique durant la saison sèche et immense réservoir aquatique pendant la saison des pluies. Les étendues alternent en espace rocailleux de couleur blanc, rouge, ocre, jaune  baignées par un soleil flamboyant ; cependant le vent qui souffle sur la plaine est chargé d'air frais, ce qui contraste avec la sensation de chaleur à l'intérieur de l'habitacle du véhicule.
Nous croisons la route de troupeaux de vache appartenant à la famille KIDMAN installée depuis les années 50 et qui ont fait fortune dans le bétail moyennant une exploitation de la surface d'Israel où la surveillance des troupeaux est réalisée par petits bimoteurs. Deux émeus accélèrent soudain leur course à l'arrivée de notre véhicule pour s'échapper hors de portée vers l'intérieur des terres.
 
 


 

pour chauffer l'eau au feu de bois ...

Une oasis , ancienne gare routière du GHAN  ( train mythique australien reliant le nord au sud )reconvertie en camp outback avec sa source d'eau chaude , spa naturel,  ses édifices construits en traverse bois de chemin de fer. Dans cet eden, nous rejouons le mélodrame d'adam et eve, comme si l'espace d'un instant nous recouvrions nos 20 ans.


 

Au milieu du bassin artésien, sans pollution lumineuse, le ciel nocturne s'illumine de ses étoiles et de ses planètes : la croix du sud , en fait située au sud ouest, la constellation du scorpion avec son étoile antarès et à son extrémité la planète saturne, les constellations de la vierge et de la balance qui ne tardent pas à s'abimer dans l'horizon. Suivant le soleil dans sa course, la lune n'est visible que pendant environ 2h après le crépuscule dont le ciel bleu pétrole offre une arrière scène de toute beauté aux ombres portées par le soleil déclinant, qui embrase le ciel d'oranges et de rouges.
 
 
A quelques kilomètres, dans un désert de sable, de rocailles et de sel, des herbes vertes et des joncs laissent apparaître deux sources d'eau qui s'infiltrent à travers le sol pour jaillir comme par enchantement dans cet univers aride, formant comme une coupelle renversée d'où l'eau creuse la roche et crée un rigodon où s'installe la vie ; pas étonnant qu'elles fassent partie des témoignages oraux des aborigènes sous la forme d'une histoire entre un grand guerrier et le grand serpent du mythe fondateur. 
 
 


 
Le lac EYRE est à 12 m en dessous du niveau de la mer; l'eau qui provient du queensland s'infiltre dans l'ensemble du bassin; par endroit , l'eau ressurgit sous forme de sources( bore) ; la carte de ces sources dans le désert est connu par les aborigènes depuis près de 20000 ans. Ce désert se remplit d'eau à la saison des pluies et forme des rivières et des lacs où la vie peut exploser.







Lézard ...agressif


 

 

Dans notre parcours de quelques 250km sur pistes, nous découvrons des paysages totalement différents : déserts de sable, de cailloux, de sel… des montagnes teintées de rouge, puis d'ocre. En chemin, nous croisons des groupes d'émeus, sorte d'autruches australiennes, une race d'iguane, des volées de cacatoès blancs ou roses, des kangourous, des troupeaux de moutons et de vaches, des serpents ...

Arrivés à Parachinalpa,  un hameau isolé , l'hôtel "la prairie" dégage une atmosphère de raffinement incongrue : de la musique classique nous accueille dans la salle de bar; des toiles et des objets manufacturés par les aborigènes sont exposés dans l'ensemble du couloir d'accès. Le patron , un australien d'environ 55 ans, coiffé d'une raie sur le côté et vêtu d'un jean et d'une chemise cow-boy divulgue ses quelques phrases en français et nous fait part de sa difficulté à comprendre l'accent français…? Pas très flatteur pour notre anglais. Malheureusement il ne fait plus l'essence, mais son hôtel et son accueil furent une bouffée de civilisation dans cet horizon désertique et inhospitalier.
 
Nous pénétrons dans les flinders ranges ( parc naturel )par le nord; la piste traverse un paysage de collines verdoyantes où l'eucalyptus redevient l'arbre roi: nous campons au bord d'une rivière quasiment asséchée nichée entre deux vallons où nous rencontrons un kangourou couleur marron foncé qui nous voyant s'éloigne rapidement par bonds successifs hors de notre portée. Avec le crépuscule, les oiseaux reprennent vie et s'époumonent de plus belle. Le feu se transforme en braises incandescentes qui dureront jusqu'au petit matin.
 


Le village de Billman, ancienne mine de cuivre. La quiétude dégagée nous impose un arrêt café à l'un des deux bars de ce qui n'est finalement qu'un hameau. Les premiers rayons de soleil réveillent notre peau encore ensommeillée. Le parc est une ancienne formation rocheuse datant de -580 à -680 millions d'années. Quel contraste avec le parcours déjà effectué: ici c'est un paysage de pâturage et de montagne suisse qui s'offre à nos yeux. En ce début de printemps, les sols sont tapissés de fleurs  blanches et violettes comme si les collines étaient couvertes de champs de lavande;  des criquets s'échappent devant le véhicule faisant scintiller leur ailes métalliques. Des troupeaux d'émeus  paissent dans la prairie; leur démarche de bipède nous ramène à une vision d'animaux préhistoriques , on les pense à peine émergés du temps des dinosaures. Des kangourous bondissent à leurs côtés  et au moindre bruit s'érigent sur leurs deux pattes arrières , attentifs et inquiets. Nous assistons aux ébats reproductif d'un couple de kangourous; malgré notre présence et le désir de fuite de la femelle, le mâle, tout à son ouvrage la retient farouchement. Des aigles stridulent ; les cieux leur appartiennent. Le parc est extraordinaire.
Mais aussi... Les mouches sont toujours présentes, mais en moins grand nombre et nous comprenons la vente systématique,dans les magasins, de filets "mouchtiquaires". Comme pour les avions, nous constatons que la force du vent les cloue au sol ou... sur la peau.
La piste nous transporte tout au long de l'histoire millénaire géologique du parc; elle suit les lignes de thalwegs et des cours d'eau asséchés pour poursuivre par endroit en épousant le faîtage des collines;




C'et la saison de la reproduction


Randonnée dans Wilpena pound du nom de la formation rocheuse en forme de cratère, un îlot naturel à rapprocher de celui du Ngoro-goro célèbre espace de préservation au Kenya.
 



 

Dans la vallée des secrets, une énigme demeure : les dessins gravés dans la pierre ne font pas parti de l'héritage culturel des aborigènes de cette vallée ?

 
Descente vers Adélaïde; nous prenons l'option de la route des vins : Clare vallée, Barossa vallée et Handorf vallée. Sur près de 200km, le paysage vallonné dévoile des étendues cultivées à perte de vue, blé, orge, colza, herbe à bétail, des troupeaux de moutons tellement gorgé de laine qu'ils ressemblent à des pelotes sur patte et des vaches " red angus" destinées à l'abattage et dont la viande est réputée. Cette région en amont d'Adélaïde est le grenier de l'Australie. Chaque exploitation possède ses propres silos métalliques de forme conique, ses réservoirs d'eau, ses éoliennes et trône fièrement au cœur de ses terres. Des villages de fermiers égrainent la route ; tous sont parfaitement entretenus, possèdent un général store, une banque, une pompe à essence, un bar et un hôtel dans le plus style "outback" ; on se croirait revenu au début du XXème siècle.

 Les australiens aussi ont participé à la grande guerre de 14-18

Arrêt dans une ancienne mercerie transformée en salon de thé.
Système pour envoyer l'argent liquide positionné dans une coupelle en bois vers la caisse centralisée; un australien avec son épouse se remémorent son utilisation






















 les fameux trains routiers fréquents sur les highways
 
 clin d'œil à polo et gisou pour le 4 novembre prochain et le concert à Sydney
 

Humour australien ...
Arbre à chats desséchés






 

Bières locales...
 
Rencontre d'un 3ème type
 
 



 


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Mes coups de coeur

  • Le mollet galbé d'une femme sur talon haut

Mes livres

  • Eloge de la lucidité, Ilios KOTSOU
  • J'abandonne, Philippe CLAUDEL
  • La formule de Dieu, José Rodrigues dos SAntos
  • Le sens du combat, Michel HOUELLEBECQ
  • Ma cabane en Sibérie, Sylvain Tesson
  • Regards sur le bonheur, François GAGOL
  • Rester vivant, Michel Houellebecq
  • Vers la sobriété heureuse, Pierre RABHI

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