mercredi 24 février 2016

Découverte des îles de la société, par la mer

Découverte des îles de la société, par la mer

 
Nous avons rendez-vous à midi ce 27 janvier 2016  à la marina de Taiana au nord de Papeete. L'équipage de dreamyacht charter  catamaran est déjà à pied d'œuvre. Il se compose d'Apera, le capitaine du navire, de Virginie , l'hôtesse et de Mohai, un jeune capitaine , marin pour l'occasion, présent pour assurer la continuité des quarts lors de la navigation de nuit programmée entre Mooréa et Raiatera. Pour les passagers, 4 américains et 4 français : Kim et Mike , Trish et stevens de Californie du nord, Françoise et Bernard de la Londes les Maures.

C'est parti pour 11 jours de croisière à la découverte de Moorea, Raiatéa, Tahaa, Bora-Bora et Huanine.
 


 
L'archipel des îles de la société est le plus peuplé et est composé de deux groupes : les îles du vent - Tahiti, Mooréa, Tétiaora et Maiao - et les îles sous le vent - Raiatéa, Tahaa, Bora-Bora, Huanine, Maupiti, Tupai. Toutes ces îles dites hautes sont protégées par un lagon corallien.


Nous appareillons à 13h00 à l'issu d'un accueil cocktail et de la présentation de nos cabines. Quittant Tahiti, après une heure de traversée par un chenal, "la mer des lunes",  dont les fonds caressent les 1500 m, nous atteignons la baie de Cook sur la côte est de Moorea.



La découverte des îles par la mer transporte instantanément le voyageur sur les traces des premiers explorateurs polynésiens et européens; aborder ces côtes après avoir affronté l'immensité indomptée de l'océan  donnent aux îles le caractère d'une oasis.
 
Mooréa nous présente sa façade nord , une ancienne caldeira volcanique dont le versant s'est ouvert sur l'océan créant deux baies, Cook et Opunahu, et dominée par les 1200m du mont Tohiea.
Entièrement ceinte par une barrière récifale, l'eau de son lagon est recyclée à marée haute à travers 12 passes-accès à l'océan-correspondant aux estuaires des 12 rivières dévalant de ses pentes abruptes et végétales . En effet, la formation de corail ne tolère que l'eau de mer; l'eau douce empêche sa formation. Le lagon de Mooréa recèle de faunes et de flores aquatiques très riches.

Nous mouillons dans le lagon pour la nuit.



Quel bonheur de pouvoir au réveil, plonger et nager, déliant les muscles et la pensée au rythme des mouvements de crawl. A l'issue du petit déjeuner servi sur le pont arrière baigné de la lumière irisante de l'aube, nous voilà parti avec l'annexe vers la pointe nord-ouest et le motu Fare one.  L'eau se dégrade dans un nuancier des bleus avant d'offrir une limpidité translucide sur un promontoire de sable blanc; la surface de l'eau effleure les nombrils tandis qu'une volée de raies pastenague remontent le long de nos jambes sous l'œil vif et interrogateur de quelques rémonas accolées à leurs requins pointes noires. Mimi s'équipe d'un masque et tuba… elle jubile. Plus loin, une randonnée sous-marine nous porte à travers un jardin de coraux baigné de poissons papillons, perroquets, flutes, clowns, de bénitiers à vulves multicolores… un aquarium à ciel ouvert.                                                                        
                                    
                                                                                                                          Raie pastenague
 
 
Oursins ?
 
Quelle conque ! 
 

La baie de Cook, Mooréa

Improvisation de blues, Mike à l'harmonica




La rive présente successivement les maisons locales à toits en feuilles de pandanus ou en tôles ondulées et les cases sur pilotis des hôtels de luxe. Le soleil joue à cache-cache avec les nuages : c'est la saison humide sous les tropiques. Réfugiés dans la baie de Opanahu pour le déjeuner sous l'œil imposant du mont Rotui, nous rejoignons un embarcadère où nous attends Franky Franck, notre guide de Mooréa pour une excursion dense et rapide en pick-up tout terrain bâché.

 
La piste chaotique et étroite s'élève rapidement dans des vergers et atteint une ligne de crête bordée de pins et d'arbres de fer; elle s'avance tel un pont suspendu jusqu'à un éperon rocheux où culmine un belvédère embrassant les deux baies et le mont Rotui. La barrière de corail trace une frange d'écume, ligne de démarcation entre le lagon et l'océan. La verve, l'enthousiasme et l'humour de Francky font mouche; derrière son apparente bonhommie se cache un vrai professionnalisme soucieux du respect des horaires, d'une attention permanente à sa clientèle et d'une pédagogie adaptée à l'auditoire. L'histoire de la reproduction de la vanille en moins de 11 minutes aura marqué tous les esprits, français et américains lors de la halte au Tropical Garden, une exploitation familiale transmise de mère en fille qui assure une production locale réputée de confitures, vanille, fleurs, miel et jus de fruits…


Exemple d'une passe



En complément, nous effectuons un crochet par l'usine "Manutéa Tahiti" célèbre dans la pacifique pour sa production de jus de fruits de Mooréa et d'alcools locaux notamment un ensemble de spiritueux issus de la culture de l'ananas : vin blanc, pétillant, eau de vie et liqueur…  en fond de vallée des collines entières sont recouvertes de plantations d'ananas, une plante de sol dont les feuilles  ressemble à celle d'un alovéa, dentelées et coupantes, et d'un gris vert caractéristique. Le cycle de la plante s'étale sur 5 années avant d'épuiser les ressources azotées du sous-sol obligeant la pratique de la jachère. Une plongée dans l'économie locale respectueuse de son environnement. Les parcelles de terre cultivées s'étendent du lagon au fond de vallée, un découpage de la propriété foncière issue de la tradition tribale et encore pratiquée de nos jours.
 
champs d'ananas

La demi-journée s'achève par une vue panoramique de l'ancienne caldeira et de ses pics magmatiques étagés entre 800 et 1200m. Une averse tropicale projette avec force son eau chaude sur nos corps moites se riant de l'inefficacité des parapluies que nous tentons de lui opposer.

 Fruit de la passion et gousse de vanille, une orchidée...

De retour à bord, nous dinons d'un repas léger en prévision de la navigation de nuit vers Raiatéa. Poussés par une légère houle d'est, au moteur, nos feux rouge, vert et blanc percent une nuit d'encre et un océan d'ébène; puis, nonchalamment, l'astre lunaire s'extrait d'un horizon que dévoile peu à peu sa clarté tamisée. Les noirs virent aux gris, l'espace se remplit de formes, nos visages s'offrent à la pâleur lunaire. Nous entamons une discussion avec Apéra sur le gaillard arrière. Nous évoquons la culture tahitienne, l'emploi du cannabis, la relation à la jeunesse, l'abus de l'alcool, la cinquantaine et son lot de questions, son travail de capitaine, son fils. il est déjà minuit lorsque le quart s'achève. Il est l'heure passer le relai à Homai...

 en quittant Moorea...




La traversée de nuit nous amène à un mouillage au Motu Nao Nao sur la côte est de Raiatea ; malgré la pluie, la matinée est consacrée à l'activité sous-marine : les bouquets de coraux , les anémones roses en symbiose avec leurs poissons clowns, les murènes… soudain, l'eau s'opacifie  depuis la surface d'un prisme marron clair; il pleut sur les sommets de l'îles, les eaux sont chargées de boue et se déversent dans le lagon par le jeu des courants.
Raiteira

Ferme perlière                                                                 Apéra et Virginie





 Le bâteau glisse ensuite vers la baie de Faraa à l'embouchure de la seule rivière navigable de Polynésie. Un brin d'Amazonie avec ses eaux marrons et ses rives végétales, oppressantes, prêtes à avaler les embarcations qui s'aventurent  dans l'antre du serpent aquatique.
 




Visite en annexe


 
L'embarcation file dans le silence pénétrant que seuls quelques chants d'oiseaux osent braver.

Réveil à l'aube , un rituel bénéfique se mets en place : je lave mon sommeil à l'eau de mer.


champs de production perlière

Les pirogues à balancier s'immiscent dans le sillage des moteurs

Afin de ravitailler en nourriture, en linge, en eau et en carburant le catamaran, nous faisons halte pour 3h à Uturoa, la capitale de l'île.  La marina est la base logistique de la compagnie "dreamyacht charter", anciennement archipels voyage.
 
 
Le village s'anime en ce samedi matin : des familles chargent en glace des containers juchés sur leurs embarcations à moteur en prévision d'une pêche fructueuse, d'autres s'engagent dans des bateaux taxis pour rallier d'autres points de l'îles, certains affrètent leurs canots pour un pique-nique sur les motus.
 
Etonnement, le village est bien achalandé : le marché couvert local avec ses productions de fruits et légumes attend l'arrivée des clients de fin de matinée, plusieurs magasins généraux regorgent d'objets en tout genre, un magasin d'électroménager fait face à deux églises protestantes et catholiques où des femmes sans doute bénévolement tentent de donner un air présentable aux jardins entourant les édifices religieux.
 
Marché couvert

arc en ciel de paréos

Eglise                                             différentes espèces de bananes

skate-park

En front de mer, regroupés autour de leur véhicules, des "métros" préparent leurs enfants à un cours de natations tandis que des adolescents enfourchent rapidement leurs skateboard et trottinette pour se rendre au skate park. La piscine d'eau de mer est constituée de deux lignes d'eau créée dans d'anciens quais portuaires.
 
 

couleurs de lagon




catamaran à l'appontage

 
Pas de nouvelles des enfants. Avant de reprendre la mer, telles des bouteilles jetées au gré des courants, nous envoyons par skype et messenger des messages dans le réseau.
 
Mike en  nettoyeur de pont


Déjeuner près du motu Tautau, sur la côte ouest de l'île de Tahaa après une navigation le long du chenal qui sépare les deux terres.  Nous consacrons l'après-midi à une randonnée aquatique dérivante dans un passage corallien coincé entre deux motus où l'eau du large s'engage avec force et véhémence après avoir transpercé la barrière de récif.
 


Nous remontons à pied le long de la rive du motu puis nous nous jetons littéralement à l'eau dans le courant qui nous entraine , en position de parachutiste à travers un massif de toute beauté; Le courant propulse les nageurs comme des torpilles. Un requin de récif pointe noire, une pieuvre qui, à mon approche, de ton pierre, se colore en brun foncé, puis en noir pour finir dans une cavité où elle virera au blanc sous mes gestes taquins. Forts de nos âmes d'enfants, nous réitérons le parcours plusieurs fois.
 

Mouillage à Taaha, face à Bora Bora. Apéra prépare un feu de bois sur le barbecue du navire. L'odeur du feu est plaisante, la braise rougeoie dans le crépuscule, le clapotis apaisant installe une quiétude enveloppante.
 


Départ à la voile pour Bora-Bora, la mythique, la perle du pacifique … les superlatifs évocateurs résisteront t'ils à la confrontation du réel ? Le ciel grisâtre se dissout dans les eaux. La terre, masse sombre et  floue s'affirme dans l'avancée de l'étrave; les contours s'affinent, les motus, îlots de sable et de cocotiers émergent en ceinture périphérique  bientôt rejoints par le fil blanc de l'écume sur les brisants coralliens : le lagon dévoile son unique passe par laquelle le catamaran s'engouffre abandonnant la houle hauturière pour la sérénité de l'entre-deux terre.
Bora-Bora

Gris tropique!



Quand le ciel bas et lourd pèse sur nos têtes… pour paraphraser Baudelaire... la beauté de l'île bien emmitouflée peine à s'extraire de son écrin… sous un ciel grisâtre, on la pressent, on la devine mais l'émerveillement ne saute pas aux yeux. Tout est question de lumière et de couleurs...
 

Quelques gouttes frappent la surface de l'eau. Puisque l'extérieur du lagon se refuse, le premier arrêt  nous porte à  fouiller son foisonnement  intérieur.


 Avec nos palmes, masques et tubas, on devine immédiatement que nous sommes étrangers à l'écosystème du lagon où chaque nageoire, chaque madrépore nous émerveillent ou nous effraient.
Sur la surface, l'air, vital et rassurant.
Sous la surface, un monde  silencieux,  profond, mystérieux où la clarté de l'eau s'efface peu à peu dans un bleu cobalt. Le nageur crève la surface après une apnée poussée au paroxysme de ses capacités; les poumons se remémorent la brûlure initiale de la  première insufflation comme un souvenir régressif et inconscient des premiers moments de vie à l'expulsion. A cette limite, respirer n'est plus un acte réflexe ; tous les muscles s'arcboutent dans leur souffrance; leurs cris remontent violemment le canal nerveux et submergent l'esprit qui tend brutalement la volonté vers un unique objectif, inspirer pour se libérer...
 


De cela, les deux requins citrons de près de 2,5 m qui glissent négligemment autour de nous, comme des poissons dans l'eau qu'ils sont, n'en ont rien à foutre ! La nature les a doté de branchies, d'une peau aqua-dynamique , d'un odorat ultrasensible et d'une paire d' yeux jaunes percés par deux pupilles noires en amande où le reflet de notre humanité nous renvoie à un morceau de viande…
Nous nageons, aux aguets, sur le qui-vive; même si nous percevons pertinemment l'inutilité  de ce comportement, cette action nous rassure. A leur côté, les requins pointes noirs ressemblent à des ablettes.
Apéra plonge et, suivant le mouvement de la bête, accroche sa nageoire dorsale pour se laisser traîner sur quelques mètres… je l'imite. Au contact la peau du requin est lisse et dure... Jeux tahitiens pour apprécier la biodiversité et pour tenter de vaincre une peur ancestrale et fondée… Merci Spielberg!
 

Pour le 2ème arrêt, à la découverte de ses fonds riches en coraux et faunes sous-marine, la star du défilé est la raie pastenague; avide de nourriture, ses ailerons s'agitent le long de nos jambes pour remonter vers la poitrine; elles se nourrissent comme pour un cheval, la main bien à plat pour éviter toute morsure.
 
Bora Bora sous le soleil naissant
 
Bora-Bora est un intermédiaire dans l'échelle du temps géologique; l'assise de son cône volcanique s'affaissent lentement mais surement dans les fonds océaniques tandis qu'une ceinture de "motus" surgit des eaux cristallines. Phénomène au-delà de la vision des hommes que la pensée permet d'appréhender comme un passage vers une parcelle d'éternité.
 
Approche des motus

Toujours dans le rythme quotidien sportif, la séance est dédiée à des exercices à la proue du catamaran face au soleil levant. L'éveil du corps se veut mécanique, la pensée attend son heure derrière les mouvements d'assouplissement et de respiration.

Avant le petit-déjeuner, nous tentons d'observer le passage des raies mantas dont une cinquantaine fréquente assidument le chenal ; malheureusement l'espoir est vite déçu par une visibilité réduite. Nous ricochons sur un spot de coraux : les patates sont facilement accessibles. Je vais chercher mimi et nous dérivons dans l'eau transparente. Un superbe poisson pierre s'est figé dans un trou ; les yeux fixes, les nageoires latérales déployées, ses couleurs rouge et mauve  ne font pas oublier la dangerosité de ce poisson dont les épines dorsales délivrent un poison d'une extrême toxicité.






 
Le motu est au tahitien ce que la maison de campagne est à l'européen; barbecue, jeux de ballons, siestes, kayak de mer ou pirogue à balancier, … une sortie dominicale. L'endroit est paradisiaque conforme à une vision de carte postale. Même le  temps semble se figer dans l'étau surchauffé du soleil de midi. Improvisant une partie de volley-ball, la chaleur redouble. Heureusement le déjeuner tahitien sous l'ombre bénéfique des toitures de pandanus apporte une fraîcheur salvatrice. Avec Mike, nous remontons avec les kayaks de mer vers les brisants pour nous laisser ensuite dériver sur une veine de courant afin de scruter les bas-fonds calcaire de Bora-Bora.
 

Lit flottant, à étage



Barbecue polynésien

A l'ombre de la frondaison de l'arbre de fer



Motu... s et bouche cousue







Repas motu !








La route vers notre lieu de mouillage pour la nuit se situe à l'opposé sud de notre position. Le tour du lagon de Bora-Bora est l'occasion d'une mini régate entre notre skipper et celui d'un catamaran identique issu de la même base nautique de Raiatéa. Cette propension à la compétition permanente est -elle  un  besoin physiologique du mâle ou le moyen pour les capitaines de joindre un peu de piment à leurs navigations quotidiennes ? Au vu des jurons et des gestes des deux protagonistes, l'affaire parait sérieuse… La faiblesse des enjeux en présence parait pouvoir se noyer dans un échange amical et liquoreux. Cette anecdote reflète un trait général des espèces animales :  entrainer ses capacités par le jeu semble un moyen efficace de refluer le réflexe latent d'adaptation. Chaque décision, chaque geste , chaque choix inclinent à la victoire ou la défaite. La recherche de la performance ou le souhait d'une amélioration ? Perdre avec fierté et gagner avec modestie.
 



Le diner du soir achève la journée face au mont Otémanu, dégagé et dont l'ombre chinoise suggère l'index d'une main tentant d'accrocher les cieux dans un geste désespéré pour ne pas disparaitre.
Les alizés de sud-est caressent le navire. La voute céleste noire carbone se constelle peu à peu ; l'arc laiteux se met en place. L'étoile du sud le domine. Un filet d'or s'inscrit fugacement. Je ne fais pas de vœux. Une nuit sous les tropiques.
 

Un équipage surbooké !


Natation matinale à la palme vers la barrière récifale . Je croise la course de 3 raies pastenagues; un bloc de corail dévoile un jeune poisson lion réfugié dans ses anfractuosités.



hôtel sur pilotis


Départ de Bora-Bora pour Taaha, 4h de traversée face à la houle et au vent, moteur grognant et estomacs accrochés... Nous poursuivons par la visite d'une petite production d'huitres perlières : une maisonnette en bois posée sur le miroir bleuté. A ses pieds, des colonnes d'huitres filtrent 200l d'eau de mer par jour par 8 m de profondeur.

La production de perle est un processus de reproduction artificielle asexuée. On utilise ainsi le système de défense de l'animal à l'introduction de corps étrangers qu'elle recouvre de nacre. Une huitre est jugée de bonne qualité par la pureté du liseré gris de son manteau et donc de la nacre qu'il produira. La plus belle est sacrifiée pour fabriquer des greffons prélevés de son manteau et destinés à transmettre son patrimoine génétique aux huitres hôtes. Cette opération n'est réalisée qu'une seule fois ; ensuite l'huitre hôte aura une capacité de production de perle pendant 5 ans . Après cicatrisation, le greffeur introduit un nucléus, perle ronde ou morceau de nacre, afin de produire une perle... au bout de 2 à 3 ans. Une plongée dans la technique en complément de la visite du musée, pour tout savoir sur la production perlière.
 








Mouillage vers le motu Maihae, baignade et repas poisson...








 L'aube rougeoit lors de la baignade matinale vers la barrière de corail; une murène s'extrait de sa cavité et forme un arc de cercle menaçant au sommet d'une patatoïde. Le haut fonds sablonneux se transforme en dalle corallienne.  Le courant issu du ressac offre une légère résistance. Les massifs de coraux créent un labyrinthe dans lequel ondulent poissons perroquets, poissons clowns, poissons flûte, poissons coffre, raies pastenague et des petits requins pointes noires…
Après le petit-déjeuner, la matinée est consacrée à la découverte du motu Maihae, un îlot planté de cocotier, arbre de fer  d'environ 500m2 et ourlée d'une bande de sable blanc déposé dans un gradient de bleu et vert . Un tour à pied, un tour en natation et un tour en canoe ont permis une exploration approfondie. 


 







 








Christian, un journaliste installé depuis 30 ans  à Raiatea et dont le tour du monde en voilier s'est achevé à mi-parcours, dans cet éden fantasmé nous ouvre aux us et coutumes locales, aux différentes productions agricoles, vanille, huitres, pamplemousse, nonnis, citrons, goyave, arbousier, papaye, fruit de l'arbre à pain, 


Achat d'huile locale
Séchoir à bananes

Filets de pêches

 
 



Toilettes exotiques

"Le" site archéologique de la Polynésie est  le marae de taputapuetea, espace sacré, centre géométrique du fameux triangle polynésien dont les sommets sont constitués par Hawaï, la NZ et l'île de Pâques. Posé en bord de lagon sur la côte sud-est, le site est idéalement placé face à la passe de Te Ava Moa d'où aurait débuté les explorations de l'ensemble de la Polynésie.
 
 
Les soubassements formés de blocs coralliens et la surface du site laissent entrevoir la puissance mythique de ce lieu. La tradition orale polynésienne se confronte aux écrits de Cook quant au usages et fonctions de ces sites sacrés.
Sacrifices et cannibalisme pour acquérir  le "mana" de son ennemi après une victoire guerrière ou à chaque pleine lune, sacrifice humain, volontaire ou non, pour une investiture, un décès afin de s'octroyer la faveur des dieux.
Au centre du marea, une pierre verticale de 2m50 aurait servi, suivant le mythe, de toise aux explorateurs polynésiens.
 

A leur arrivée, les missionnaires protestants ont cherché à annihiler les rites païens en détruisant les Tikis, recyclant les pierres des temples pour la construction des églises, voire en construisant l'édifice religieux directement sur les sites des marae. Les tatouages étaient interdits, les Tamatu  arbre producteur d'amande permettant la fabrication d'huile sacrée bien connue pour ses vertus antiseptiques ont été coupés… Un drapeau indépendantiste, couleur de l'argentine avec 5 étoiles rouges en son milieu sert d'étendard aux revendications des plus extrémistes. Eternel débat de la survivance culturelle.
 
Christian nous éclaire sur une autre facette de la vie quotidienne, comme on épluche un oignon, les diverses couches d'une même réalité se dévoilent. Violence conjugale de fin de semaine et absorption excessive d'alcool et de drogue, inceste tabou, délinquance des mineurs, suicide des jeunes adultes ( 40 par an ) , les problèmes de malnutrition par une alimentation basée sur la consommation de coca cola, pain et corn beef. On observe  les véhicules 4X4 des polynésiens achetés à crédit, marque d'un statut social et leur petite maison; à l'inverse,  petite voiture mais grosse maison pour la communauté chinoise qui détient toute l'activité commerciale… par leur travail. La politique et ses corruptions; la primauté de Gaston Flosse, le potentat local, toujours poursuivi, jamais condamné...L'économie sociale avec le soutien du gouvernement à la culture du coprah, une forme d' assurance chômage, où seul le travail, la récolte et la vente du coprah, assure une rémunération. Un exemple à suivre? …
 

L'arrivée des nouvelles technologies comme de partout mais de manière plus appuyée a bouleversé les rapports sociaux dans cette société traditionnelle. Le respect des anciens, la langue tahitienne, la tradition orale sont fortement impactés... Un brin d'humanité  mondialisé sous les cocotiers...
 




Au réveil, sur le pont arrière, je découvre des traces de pas sur la blancheur immaculé du liner de la passerelle arrière. Une visite nocturne en écho à nos discussions de la veille. Apéra vérifie la présence de sa canne à pêche et du bateau annexe… Une raie aigle et un poisson coffre s'enfuit furtivement à mon approche.
 

 
Croisière au moteur et à la grande voile pour Huanine, la perle oubliée des îles sous le vent. L'anse est un écrin d'eau turquoise arrosant une plage de sable blanc qui disparait immédiatement sous la pression de la végétation tropicale. C'est dans un hôtel aujourd'hui à l'abandon, déserté suite aux dégâts causés par un cyclone que fût tournées des scènes du film français "Le prince du Pacifique" avec Thierry Lhermitte. La jungle recouvre tout. L'humidité et la chaleur sont de puissants catalyseurs.  Seule quelques volées de marche en pierre témoignent de la présence humaine. En l'absence de reconstruction, les langues perspicaces suggèrent un financement par le blanchiment d'argent sale…  










Huanine est composée de 2 îles séparées par un étroit chenal; un pont sert de colon ombilical entre les 2 sœurs ceinturées par la même barrière de corail ; des jumelles homozygotes. A proximité du platier où se brisent les déferlantes, l'eau translucide du lagon se renouvelle constamment sur quelques mètres. Les conditions de températures supérieure à 18°c mais inférieure à 28°c , la pureté de l'eau , la lumière pénétrante assurent le milieu idéal pour la prolifération des coraux sous toutes leurs formes : patatoïdes, pinacles, tabloïdes, recouvrant, corne de cerf… un univers magique pour les yeux protégés par la vitre du masque.


 


Le retour en kayak de mer porté par le courant, le rythme du son des brisants, les piaillement des oiseaux, la mélopée du vent dans la canopée et les bambous géants se consomme sans modération.
 

 




 


Débarquement au restaurant...



Hommage photographiques aux couples
 

 
triporteur


cocktail de bienvenue 

Autour d'un repas de poisson grillé, le groupe de danse de Parae nous fait partager ses chants et ses danses tahitiennes avec le célèbre déhanchement des vahiné opposé aux claquements frénétiques des genoux des Tané. Originaire du sud de l'île leur complicité et leur sourire communicatif entraine les personnes présentes dans la bonne humeur et la sympathie. Mike s'empare d'un tambour et s'intègre au groupe de musiciens , guitare, ukulélé, tambourin. Une bonne soirée.





Depuis la mer, la crête découpée des montagnes de Huanine se métamorphose en contour d'une vahiné enceinte allongée.

Le port de plaisance du village de Fare accueille notre voilier. La route principale longe le port de plaisance, le port de fret et celui de pêcheur. Un corvette gris militaire- le milan- de la gendarmerie nationale est appontée, drapeau français flottant à sa grade vergue. En face , une boutique en bois de produits locaux arbore le drapeau indépendantiste.
 Le port
 
clin d'œil à Maéva
 
 
Approche des anguilles à yeux bleus, endémiques .
 
 
 
Un ingénieux dispositif de pêche à l'entrée du lac salé permet aux poissons de pénétrer dans le lac à marée haute ; ils se retrouvent dans l'obligation d'emprunter un chenal artificiel en forme de triangle où carangues, perroquets et barracudas  se piègent dans les filets : …  L'ensemble des habitants de l'île pratique une pêche et une culture vivrière.
 

Tombe de marins

 
La plage de sable blanc de 20 km de long collée au récif et soumise aux turpitudes de la houle rajoute au caractère sauvage de l'ile; des femmes armés d'une canne en bambou viennent pêcher les poissons sur le platier.
Françoise et Bernard
 
 Les deux marae ont été entièrement et patiemment restaurés par un célèbre chercheur hawaien après des années de recherche. Leur mise en valeur au bord du lac surclasse les marae déjà visités; A noter l'espace sacrificiel, pour les marae à étage,  à l'intention du dieu Oro, divinité de la guerre avant une campagne contre une tribu voisine. Seuls les hommes étaient sacrifiés, souvent des prisonniers ...
 

Faré

Retour vers le port...
 
Les roulottes...

Navire de la gendarmerie nationale assurant la sécurité des eaux territoriales


Retour à bord... Huanine est authentique...
 


Dernière soirée... au pétillant d'ananas




Débarquement à Raiatea. Une tranche de vie se termine; les destins pendant un temps entremêlés retrouvent leur indépendance : c'est le moment de la séparation; l'ambiance a bord a été bonne et nous a permis de rencontrer des personnes de grand d'intérêt.  Mike et Kim, attentionnés l'un envers l'autre envers les autres, Françoise et Bernard attachant et drôle dont la vie ne fût pas un long fleuve tranquille, Trish et Stevens plus renfermés dans leur américanité, Virginie et Apéra, compagnons de  vie et de bordées. Certains yeux brillant expriment la sincérité d'un excellent moment de partage. Chacun laisse ses coordonnées, comme une bouteille à la mer… parfois la vie réserve des surprises.
 

Transfert à la pension Tonoi perchée sur les hauteurs offrant un spectacle inoubliable sur la côte est de Raiatea. Le bungalow de bois moderne est balayé par les vents. Nous décidons de profiter de cette journée dans ce magnifique emplacement. Le soir nous commandons une salade tahitienne et un carpaccio de thon : c'est notre première soirée à deux depuis 11 jours. Nous la savourons sur la terrasse en surplomb du lagon.



 

1 commentaire:

  1. Bravo Marielle et Stéphane, quel plaisir de se plonger à nouveau dans notre séquence commune en Polynésie. Les photos sont magnifiques, les commentaires très intéressants, normal avec Stéphane qui se documente partout où il passe, un vrai bonheur de l'écouter et le lire; tout est conforme à ce que nous avons partagé avec vous et nos amis américains.
    Une seule envie maintenant, en voir plus...Nous repartons dans un an sur l'Aranui 5 pour visiter Les Marquises principalement.
    Continuez à nous faire rêver....
    Bises à vous deux.

    Françoise et Bernard

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Mes coups de coeur

  • Le mollet galbé d'une femme sur talon haut

Mes livres

  • Eloge de la lucidité, Ilios KOTSOU
  • J'abandonne, Philippe CLAUDEL
  • La formule de Dieu, José Rodrigues dos SAntos
  • Le sens du combat, Michel HOUELLEBECQ
  • Ma cabane en Sibérie, Sylvain Tesson
  • Regards sur le bonheur, François GAGOL
  • Rester vivant, Michel Houellebecq
  • Vers la sobriété heureuse, Pierre RABHI

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