samedi 31 octobre 2015

La côte de saphir jusqu'à Sydney

La côte de saphir jusqu'à Sydney

 
Nous nous réveillons sous un crachin persistant porté par un vent cinglant; la visibilité est limitée à quelques mètres tant la brume s'appesantit. Nous décidons de regagner le bord de la côte. En chemin , nous faisons halte à Bega dans une fabrique de produits laitiers et de fromages. L'information touristique jouxte l'usine qui a développé un musée dédié à son existence centenaire. La côte de saphir s'étire au sud de Sydney sur environ 350km; elle alterne entre villages balnéaires et zone protégées par le statut de parc national. Nous atteignons Eden, un village de pêcheur  de la baie de quarantine.



 Comme lors de toute la remontée vers Syndey, chaque baie , chaque village dévoile ses joyaux : plages de sables blanc ou ocre, falaises colorées, eau turquoise, un bord de côte protégé par l'écrin d'un parc national, une lagune plus ou moins vaste en arrière-plan de la grève où se mélangent eau douce et eau de mer. Sur le port, le magasin local de "fish and chips" vend non seulement  des produits frais, calamars, filets de poissons, crustacés, coquillages, homard… mais propose également des plateaux préparés à emporter. Ici les produits se mangent frits, panés et accompagnés de frites.


Nous réservons le lendemain pour une croisière qui doit nous permettre d'approcher les deux sortes de baleines qui trouvent refuge dans la baie : la Humpback et la Southern Right.





 
 
Nous rejoignons à 7h45 le quai où est amarré le bateau et son équipage plébiscité par les brochures touristiques pour la qualité de ses commentaires, son accueil et la quasi-certitude de voir des baleines.
Le temps est clément; une trentaine d'autres personnes attendent sur le ponton prêt à embarquer sur le navire à deux étages propulsé par deux moteurs de 250cv.  A la sortie du port, s'extrayant de l'abri de la jetée, la capitaine file pleine est face à la houle déjà formée. Sur le pont gardé l'équilibre est difficile; déjà certaines personnes sont désireuses de rendre, presque intact, ce que pourtant le matin elles avaient pris un plaisir non dissimulé à ingurgiter. La sortie est programmée pour une durée de 4 heures. 
 
 
 Avec beaucoup d'expérience, le capitaine repère rapidement un jet d'eau qui s'éjecte de la surface de l'océan. Une baleine et son baleineau apparaissent 4 à 5 fois pour respirer puis replongent; le bateau entame des mouvements circulaires dans l'attente de la remontée des deux mammifères marins. A peine dix minutes plus tard, ils réapparaissent et nous les approchons.
Plus loin c'est un groupe de 4 cétacés que nous poursuivons avec l'acharnement d'un enfant devant sa première console de jeu; des jets d'eau accompagnés du bruit sourd du souffle qui peut atteindre 450km/h marquent le cycle de leur respiration. En phase de plongée, nous apercevons nettement le mouvement descendant de la queue.

 


 
Des mouettes et des sternes s'amoncellent entre ciel et eau ; un groupe de dauphins communs vient littéralement joué dans l'écume de l'étrave et concurrence par leur vélocité la vitesse de propulsion des moteurs. Deux lions de mer chassent leur portion quotidienne.
Nous retrouvons la mère et son petit. La femme du capitaine se saisit d'un micro-perche qu'elle immerge dans l'océan, tous moteurs à l'arrêt. Un grésillement résonne sur l'ensemble de la passerelle, puis comme par magie, le chant des baleines emplit nos oreilles émerveillées amplifiant la beauté de l'instant… Puis alors que nous achevons l'excursion et que le navire prend la direction du port, le baleineau émerge verticalement de l'océan comme tirer vers le ciel par une force invisible pour retomber sur le côté dans des éclaboussures d'écume… il reproduira deux fois sa démonstration comme pour clôturer une magnifique matinée satisfaisant touristes et équipages.
 

 On cherche le serpent et la pomme ...
 
 
Un marché local a lieu tous les 3ème samedis du mois à Nethercote . L'organisation est portée par l'association intercommunale dans le local de la communauté et s'apparente plus à une kermesse, une rencontre festive entre voisins qu'à un marché commercial comme nous l'entendons. Un trio de jazz, contrebasse, saxophone et clavier contribue à donner  un air certain de convivialité à l'ensemble. Les étals sont peu nombreux mais achalandés de produits de proximité : viandes bœuf et volaille, salades, carottes, pommes de terre, miel, mandarines, caramel, légumes, huîtres, plantes grasses… Du café accompagné de tartes aux fruits et de gâteaux au chocolat maisons sont également disponibles. Nous prenons le temps d'un café et l'achat d'une demie douzaine d'huîtres pour le repas de midi.

Marché rural ... où même ici les sapeurs-pompiers résonnent comme un élément de proximité et de cohésion sociale.
 


 

 Un wombat et un serpent...la route est très meurtrière pour la faune locale; un service spécial est mis à disposition du public pour tout accrochage avec un animal.

  
 Un ancien ponton du XIXème  sauvegardé et transformé en musée


 Une plage...parmi tant d'autres



 Côté pile et côté face, lagune et océan
 

  Déjeuner d'huitres... on se croirait presque aux halles de Lyon...
 
 
Baigné par une magnifique journée estivale, le village de Narooma offre avec sa lagune et son lac ses plus belles couleurs marines. Un sentier aménagé nous permet d'en admirer toute l'étendue. Vers la jetée, nous entamons la discussion avec un australien d'origine anglaise qui revient de sa pêche matinale en haute mer; tandis qu'il décortique ses filets de poisson tigre à tête plate (traduction littérale de tiger flathead fish), deux pélicans s'approchent au milieu d'une nuée de cormorans. Dans l'eau transparente, une raie stingray d'environ 1 m de diamètre ondule dans les 10cm d'eau où nous pouvons la caresser. Le pêcheur, dans sa gentillesse,  nous préparera cinq filets que nous mangerons le soir même.
 
Discussion avec un pêcheur au bord du ponton de mise à l'eau et d'évidage des poissons
 
 
  

Narooma



 
son golf
Achat de crevettes...

Le pêcheur nous indique également deux points à visiter, en ce dimanche d'octobre : prendre un verre au quaterdeck café et immortaliser "l'australian rock". Le premier est un bar restaurant musical à la décoration axée sur la thématique de la pêche et de l'esprit marin; son ossature bois de couleur rouge repose sur pilotis face à l'étang dans lequel il se prolonge par le biais d'une jetée en bois blanc usée par le sel. Le patron nous accueille en chemise hawaïenne à fleurs jaunes; du haut de ses 1m80, les épaules légèrement voutées vers l'avant, les cheveux blonds milongs coiffés depuis une raie centrale, il me fait penser à un pingouin à . L'ambiance est décontractée, les produits de qualité et le formica en excellent état… Une fois de plus, lorsque nous répondons de notre nationalité française,  c'est une surprise… On nous prend pour des espagnols!
 Quaterdeck
 

 
 

 Le patron fournit les appâts... 
 

Un marché local

L'australian rock est situé à proximité de la jetée qui protège de la marée l'entrée del'estuaire ; et il faut le voir pour comprendre l'origine de son nom…

Pourquoi l'Australian Rock ?!



 
Perruche multicolore
 
 

Chaque chemin, chaque route conduit à des anses de sables fins, désertes en cette saison et cernées de part et d'autres, par l'océan pacifique et par une végétation luxuriante. Cette côte serait celle de l'ancien supercontinent le Gondwana; cette histoire est visible par les fossiles de coquillages, crustacés et autres invertébrés et par les différentes types de roches rencontrées. Les animaux notamment les kangourous, les wallabies et les échnidés sont facilement visibles et se laissent aisément approchés. 

  Contraste géologique

 

 Attention méduses venimeuses même affleurant sur la laisse de mer
 

Concrétions magmatiques

 sur le chemin, un échnidé


A la recherche de coquillages




 
Nous profitons du mauvais temps de fin d'après-midi pour nous rendre au cinéma et voir le film "the  martian" avec matt Damon, en anglais, non sous-titré. Un jeune d'environ 25 ans nous accueille avec le sourire et prend plaisir à nous détailler les films avant de faire notre choix; son enthousiasme fait chaud au cœur.  
Retour à l'essentiel.......3 mois sans talons hauts, un exploit







Vision australienne de la caisse à bière

Nous remontons par les parcs nationaux de Murramarang et d'Eurobodalla ;  avec le temps mitigé, les plaisirs aquatiques sont réduits. Nous nous efforçons tout de même de mettre à profit chaque éclaircie pour nous baigner ou se prélasser sur la plage en alternant avec de petites randonnées côtières ou des visites de villages.

Approche d'une femelle kangourous et de son petit... au chaud dans la poche


 

Elle est pas belle la vie de kangourous ?

Piscines naturelles ...Il y en faut aussi pour les humains


 


 Le sable aussi est apprécié par les deux espèces...


Découverte du parc de Jervis bay où nous avons passer deux nuits ; pour la première fois depuis le début de notre aventure australienne, un couple d'aborigène nous accueille dans le centre dédié aux visiteurs. Le parc abrite un village pour les australiens issus de l'immigration blanche du XVIIIème siècle et un autre pour les aborigènes dans une zone délimitée et interdite au public. La gestion conjointe du parc nous parait plus évidente. Une base militaire est également présente et on entend les grondements sourds des tirs des vaisseaux de marine en exercice.





Nous entamons la journée par une marche circulaire qui nous donne à la fois un aperçu du sous-bois forestier et de la lande côtière. Chemin faisant, nous croisons des kangourous, deux wallabies, des oiseaux et deux serpents venimeux de couleur noir et rouge qui heureusement s'échappent  avec vélocité à notre approche. En aplomb des falaises, dominant la mer, nous apercevons des baleines qui remontent vers l'ouest. Aux jumelles, nous observons leur souffle, leur trajectoire lorsqu'un baleineau saute soudain hors des flots. La randonnée se termine sur la plage paradisiaque de  Murray beach , eau vert émeraude sur un sable fin et blanc  où nous pique-niquons.
 



 

Le soir nouvelle balade vers la plage de "cave beach" où cette fois un groupe de dauphin traverse la baie à peine à 40m du bord; certains s'amusent dans les vagues aux côtés de 2 surfeurs tandis que d'autres sautent en dehors de l'eau et replonge dans une trajectoire sinusoïdal
 

les animaux sont très présents, les méduses bleues aussi ...

Remontée sur Sydney par la "grand pacifique drive" une balade dans le jardin botanique du parc autour d'une retenue d'eau servant de réservoir d'eau douce à la communauté.

Flore locale

Même pas moyen d'être tranquille... en plus il fait peur


Le trou du souffleur de la ville de Kimia se présente sous le phare du port. Cette curiosité géologique provient de deux couches de résidus volcaniques, la latite en surface et le basalt en sous couche; celui-ci, offrant moins de résistance à l'érosion du ressac, a permis à la mer de creuser un tunnel au fond duquel une partie de la voute s'est effondrée créant un trou dans lequel l'eau s'engouffre avec force et violence; des geysers d'eau salée de 8 à 10m jaillissent régulièrement de la falaise dans un grondement de tonnerre.




 
Après avoir acheté du poisson frais, thon , saumon et une douzaine d'huîtres dans un commerce du port de pêche, nous déjeunons en bord de plage… à 15h00…  La côte est plus urbanisée et la densité de population en nette augmentation. Les pistes et les routes champêtres font place aux axes bitumés à trois-voies;
 
 

Dans le camping, a peu près 80% des emplacements sont des maisonnettes de bois ou des bungalows qui accueillent une population à l'année donnant l'atmosphère d'un village résidentiel. Chaque maison possède sa propre décoration et peut s'avérer très spacieuse; dans la plupart, une caravane y est souvent entreposée. Des boites aux lettres sont apposées à l'entrée du camping. En cette veille d'halloween, le camping est plein à craquer.  
 
 
Et voilà, déjà deux mois se sont écoulés en Australie. Demain Gisèle et Jean-Paul atterrissent à 7h00 à l'aéroport international de Sydney... une autre aventure commence...

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  • Le mollet galbé d'une femme sur talon haut

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  • Eloge de la lucidité, Ilios KOTSOU
  • J'abandonne, Philippe CLAUDEL
  • La formule de Dieu, José Rodrigues dos SAntos
  • Le sens du combat, Michel HOUELLEBECQ
  • Ma cabane en Sibérie, Sylvain Tesson
  • Regards sur le bonheur, François GAGOL
  • Rester vivant, Michel Houellebecq
  • Vers la sobriété heureuse, Pierre RABHI

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